Une du jour. Indonésie : la transition énergétique dans l’impasse
En novembre, le président indonésien annonçait devant le G20 la sortie du charbon de son pays d’ici à 2040. Mais les financements internationaux promis deux ans plus tôt en contrepartie tardent à se concrétiser. Le magazine “Tempo” revient sur cette “promesse brisée”.

“Il est temps pour l’Indonésie de renoncer à l’espoir d’obtenir les financements destinés à son partenariat pour une transition énergétique juste (JETP)”, annonce sans détour l’hebdomadaire indonésien Tempo, qui consacre à ce sujet la une de la version en anglais de son édition du 16 au 22 décembre.
Lancés à la COP26, ces partenariats visent à mobiliser des financements de pays développés pour accélérer la transition énergétique des pays émergents, en échange d’engagements nationaux précis de transition.
Le JETP de l’Indonésie, annoncé lors de sa présidence du G20 en 2022, sécurise 20 milliards de dollars de financement auprès d’une dizaine de partenaires, dont la France, l’Union européenne et les États-Unis. En contrepartie, l’Indonésie devait développer un plan d’investissement pour décarboner son électricité – produite à 60 % à partir de charbon – incluant le retrait anticipé de ses centrales à charbon. Deux ans plus tard, moins de 5 % de cette somme a été déboursée et aucune centrale n’a été fermée.
Des partenaires réticents
Le dossier est complexe. Le coût du démantèlement des centrales est estimé entre 20 et 30 milliards de dollars, mais les bailleurs refusent de financer ces fermetures, qui reviendraient à soutenir indirectement l’industrie du charbon. “Le JETP se présentait comme une initiative innovante mais diffère peu des calculs commerciaux classiques”, déplore Tempo.
L’ambiguïté des politiques indonésiennes n’a pas aidé : un plan d’investissement publié en retard, des déclarations contradictoires et des projections incertaines concernant la sortie du charbon, dont l’Indonésie reste le premier exportateur mondial.
Preuve que “l’Indonésie ne prend pas le JETP au sérieux”, le pays continue de construire des centrales à charbon “captives” – opérées par des entités industrielles et privées pour leurs besoins – qui alimentent le développement de son industrie du nickel, une priorité stratégique du gouvernement.
Coup ultime, le remaniement ministériel du nouveau président du pays, Prabowo Subianto, a supprimé le ministère responsable du secrétariat du JETP. Ces incohérences placent aujourd’hui le JETP dans un “état d’incertitude”. “Bonne lecture”, conclut non sans ironie l’éditorial.