Trafic de déchets : le Maroc parmi les destinations d’un réseau européen démantelé
Hespress Français – Actualités du Maroc

Zineb Jazouli
Le Maroc figure parmi les pays destinataires de milliers de tonnes de déchets plastiques expédiés illégalement depuis l’Europe, dans le cadre d’un vaste réseau international de trafic de déchets récemment démantelé par la Garde civile espagnole. Baptisée Finoplast, l’opération a permis l’arrestation de cinq personnes et l’ouverture d’enquêtes à l’encontre de quinze autres, soupçonnées d’avoir orchestré le transport et l’exportation illicites de plus de 41.000 tonnes de déchets plastiques.
Selon les informations communiquées par la Garde civile, les déchets provenaient principalement de France et du Portugal, avant d’être stockés illégalement dans plusieurs décharges espagnoles situées à Bierzo et La Bañeza (León), ainsi qu’à Alberic (Valence). L’enquête a révélé que les déchets, en grande majorité issus de l’agriculture, n’étaient pas traités conformément aux normes environnementales européennes. Ce qui cloche le plus c’est que certains sites ne disposaient d’aucune autorisation légale.
Une partie substantielle de ces déchets a ensuite été expédiée vers des pays tiers sous de faux prétextes, présentée comme matière première ou via de fausses déclarations environnementales. Le Maroc, aux côtés de pays comme l’Inde, la Turquie, la Malaisie, l’Angola, le Brésil ou encore les Émirats arabes unis, figure sur la liste des destinations des quelque 22.785 tonnes de déchets exportés illégalement.

L’enquête, dirigée par le tribunal d’instruction n°1 de Ponferrada et le parquet de l’environnement espagnol, a été rendue possible grâce à la coopération entre les autorités espagnoles, françaises et portugaises, avec l’appui d’Eurojust et Europol. Des perquisitions ont été menées dans six pays, notamment dans des entreprises de traitement de déchets plastiques situées à Almería. Les enquêteurs ont découvert que les trafiquants masquaient les déchets illégaux dans des conteneurs en plaçant en surface des balles de plastique « propre », rendant ainsi les inspections plus difficiles sans équipements lourds.
©Gardia Civil M Interior
Des analyses menées par l’Institut national espagnol de toxicologie ont révélé la présence de substances toxiques dans 15 des 16 échantillons prélevés sur différents sites. Des milliers de tonnes de déchets plastiques ont été saisies.
L’Union européenne a également participé à l’enquête via le programme Copernicus, qui a permis la cartographie des décharges illégales. En parallèle, des investigations sur les avoirs des suspects ont été lancées dans plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni.
