Textile : Les signes d’un redécollage

Malgré la tendance baissière des importations sur les marchés étrangers, et en particulier celui de l’Union européenne, les exportations marocaines du textile ont enregistré une petite évolution de 0,5%, en passant de 39,2 à 39,4 milliards de dirhams.
Selon les professionnels, cette «petite performance est tirée par la filière confection qui a exporté pour une valeur de 25 milliards de dirhams. On notera, en revanche, le recul de 7,2% des exportations du textile technique».
Géographiquement, la timide hausse des exportations s’explique par l’évolution enregistrée sur le marché européen qui a connu un recul de 2,5% de ses importations totales d’habillement. En effet, durant les dix premiers mois de 2024, les exportations marocaines vers l’UE ont augmenté de 6,5% par rapport à la même période de 2023.
Elles ont atteint 2,05 milliards d’euros. Soulignant cette «dynamique des exportations» sur ce marché traditionnel, les textiliens gardent le moral: Le Maroc maintient son huitième rang de fournisseur de l’Union européenne.
Et cela parce que le Royaume fait partie des rares pays fournisseurs nearshoring de l’Europe. Sa proximité géographique, ayant toujours constitué un atout majeur, répond de plus en plus à la politique de réduction des coûts des donneurs d’ordre internationaux.
La montée en gamme de la production (design répondant aux besoins des consommateurs et meilleure qualité) a également joué en faveur des exportations marocaines.
De nouveaux investissements et une diversification de l’offre
Face aux changements qu’ont connus les marchés internationaux, le textile marocain a pu, dit-on dans le secteur, tenir le coup et relever les défis de l’innovation et de la compétitivité. Pour les opérateurs, il faut continuer sur cette voie afin de maintenir ses parts sur ses débouchés traditionnels et aussi aller à la conquête de nouveaux marchés.
Pour ce faire, le Maroc devra intensifier ses efforts pour attirer davantage d’investissements et de commandes en renforçant son attractivité. Positionnement géographique, coût et qualification de la main-d’œuvre et réactivité sont autant de facteurs qui justifient l’intérêt des groupes textiles étrangers d’investir au Maroc.
Les nouveaux investissements représentent d’importantes opportunités de croissance pour le secteur. Selon les industriels du secteur, le Maroc attire de plus en plus d’investisseurs étrangers, notamment des groupes chinois.
On citera par exemple l’investissement de 4,1 milliards de dirhams par le groupe Sunrise visant la création de 2.000 emplois, ou encore Reciclados Tanger, filiale du groupe espagnol Hallotex, qui a investi 695 millions de dirhams pour la production de fils, tissus et vêtements recyclés à partir de déchets de textile. La nouvelle unité devrait créer 6.245 postes d’emploi.
Par ailleurs, l’investissement du turc Karnawall, arrivé en 2019 au Maroc, vise à renforcer l’amont textile. Karnawall Maroc, dont le capital s’élève à 50 millions de dirhams, produit dans son unité de Skhirate du fil et des tissus permettant ainsi aux opérateurs locaux de s’approvisionner sur place, évitant donc les délais et les coûts liés aux importations.
Globalement, les investissements concernent en premier lieu l’habillement (52%) suivi du textile technique (17%) destiné aux industries alimentaires et automobiles, ainsi qu’au secteur de l’agriculture.
Production, emploi et exportations…
La production totale de textile s’élève à 950.000 tonnes en 2024. Elle marque ainsi une augmentation de 5% par rapport à 2023. Les principaux produits incluent les vêtements, les tissus et les articles de bonneterie. Durant cette même année, le secteur textile emploie directement 400.000 personnes.
La répartition de ces emplois montre que 70% sont dans la fabrication de vêtements, 20% dans la production de tissus et 10% dans les articles de bonneterie. Par ailleurs, les investissements ont atteint 1,5 milliard de dirhams au cours de cette année.
Les exportations de textile et d’habillement ont atteint 32 milliards de dirhams, soit 65% des expéditions totales.