June 8, 2025

Stellantis fait de la décarbonation du véhicule utilitaire une priorité pour les trois prochaines années

Ludovic BELLANGER de AUTO Infos
Stellantis fait de la décarbonation du véhicule utilitaire une priorité pour les trois prochaines années

Leader du marché des véhicules utilitaires, le groupe Stellantis doit négocier le virage stratégique du passage à l’électrique sur ce segment.

© stellantis

Adapter ses gammes sans compromettre ses parts de marché. La transition énergétique impose un exercice de haut vol pour les constructeurs sur le segment convoité du véhicule utilitaire. En première ligne, le groupe franco-italo-américain joue son leadership, alors que les indicateur CAFE pourraient rebattre les cartes du secteur et l’ouvrir aux marques chinoises.

Le groupe automobile aux 15 marques se pose en leader incontesté sur le segment des véhicules utilitaires. Ainsi, sa part de marché frôle les 30 %. Au sein de l’UE des 29, Stellantis, grâce à sa division Pro One, domine neuf des dix principales régions de ventes européennes.

Division dédiée aux VU et structurée en 2023, Stellantis Pro One écrase toute concurrence sur le Vieux-Continent grâce à ses gammes Citroën, Fiat, Peugeot et Opel. Ces dernières s’octroyant une part de marché de 29,5 % sur ce début d’année (contre 29,1 % à la fin de 2024).

L’électrique au centre du jeu

Avec quelque 10 000 immatriculations d’utilitaires recensées sur le seul mois de janvier 2025, contre un peu plus de 7 000 pour son principal rival Renault Group, Stellantis renforce « son leadership historique et incontesté ».

Une suprématie qui pourrait être remise en question par la transition énergétique. Rappelons que les indicateurs CAFE liés à la réduction des émissions de CO2, intègrent désormais dans leurs ventes les modèles utilitaires. Certes, le calcul promet d’être lissé sur les trois prochaines années (2025-2027), sous réserve que la mesure soit votée par le parlement européen.

Mais cette nouvelle réalité va demander aux constructeurs de maitriser l’évolution technique et commerciale vers l’utilitaire électrique. Aussi, l’ambition du groupe franco-italo-américain est d’atteindre une part de 20% d’électrique dans ses ventes sur ce marché. Car en 2035, tous les utilitaires neufs vendus dans l’UE devront être zéro émission.

Des freins techniques et économiques

Derrière les chiffres de ventes de Stellantis Pro One qui représente 1 VUE sur 3 écoulés en Europe, les artisans expriment des craintes similaires aux clients particuliers sur l’électrique. Même favorable, le TCO (coût total de possession) ne fait pas tout.

Outre les questions de l’autonomie et des recharges, la fiabilité entre forcément en ligne de compte. Attendu que la durée de détention des modèles utilitaires se prolongent dans le temps. La capacité de charge utile et l’aménagement de ces fourgons restant aussi des critères clefs. Le passage à l’électrique s’accompagnant de contraintes techniques qui peuvent être rédhibitoires.

Au-delà, le surcout à l’achat constitue à ce jour encore un réel frein à son adoption. D’autant plus dans un contexte économique incertain. Et à l’heure où les ZFE (zones à faible émission) ont du plomb dans l’aile, les restrictions d’accès au centre-ville ne constituent plus un élément suffisant pour voir les professionnels basculer vers l’utilitaire électrique à grande échelle.

L’hydrogène avant l’hybridation légère

Reste que les constructeurs n’ont pas d’autres choix que de s’orienter vers cette solution. Un impératif qui a conduit Iveco à se rapprocher de Stellantis Pro One pour disposer de fourgons électriques dans ses gammes.

Conscient des enjeux stratégiques qui se joue, le groupe franco-italo-américain mise également sur l’hydrogène avec le Peugeot Partner et Expert, mais aussi le Citroën Berlingo Van. Un coup stratégique alors que la coentreprise de Renault dédiée à cette énergie alternative, Hyvia, vient d’être liquidée.

L’industriel étudierait également le recours à l’hybridation légère. « Le problème du MHEV dans ce segment, c’est que cela représente un coût supplémentaire pour les acheteurs, expliquait Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis Europe, à Auto Infos cet hiver. Si nous envisageons d’introduire une hybridation sur les moteurs diesel, il faut bien évaluer l’impact que cela pourrait avoir sur le prix pour les clients. »

Les constructeurs chinois à l’assaut de l’utilitaire

Face au leader du secteur, la concurrence chinoise s’apprête aussi à faire son entrée sur le marché des utilitaires électriques. Ainsi, BYD prévoit de lancer son modèle E-Vali, tandis que Gecko est attendu avec sa gamme Magic Way disponible en fourgon et châssis-cabine.

Alors que l’Europe s’interroge encore sur le plan d’aides à l’achat des véhicules électriques, le dirigeant de rappeler qu’il faut « soutenir avec soin tous les segments, en particulier les véhicules utilitaires légers (VUL) essentiels à notre économie. » Et d’ajour : « La transition des VUL doit bénéficier d’un accompagnement spécifique et durable ».