Maroc : une moisson d’accords économiques pour une visite d’Emmanuel Macron hors norme
Classe Export
Marc Hoffmeister
Certains dans l’entourage du président de la République parlent de plus de 10 milliards d’Euros de contrats potentiels à la suite de la visite Présidentielle. Le revirement de la Présidence française sur le sujet du Sahara a permis de débloquer une situation complexe sur laquelle la France a longuement tergiversé.
La plupart de ces contrats ne sont en réalité que la confirmation de l’implication forte de la France au Maroc et de la position du Royaume comme une porte d’entrée vers l’Afrique. Ils ont été projetés et travaillés depuis de nombreux mois, voir années, mais ils auraient souffert d’une non-reconnaissance royale. Les chefs d’entreprises français ne s’y sont pas trompés, la majeure partie des grandes entreprises françaises qui opèrent au Maroc était présente dans une délégation présidentielle pléthorique.
Les principaux axes de ce partenariat sont liés au secteur transport
La première annonce est le fruit d’une joint-venture entre le Tanger Med et CMA-CGM pour la construction d’un port de transbordement pour conteneurs à Nador au nord-est du Maroc. Ce port, plutôt axé sur le traitement du pétrole, va voir naître un quai spécifique pour les conteneurs et leur redistribution sur la zone. La volumétrie visée est importante : 1,2 Millions d’EVP dans quelques années, en comparaison le Port de Marseille a battu cette année son record avec 1,5 millions d’EVP traités. L’investissement est de taille, près de 280 millions d’euros, le tout au profit d’un seul opérateur qui va en faire un de ses hubs méditerranéens. Entre Casablanca, Tanger, et maintenant Nador, le Maroc cultive ses atouts logistiques soit pour ses usines et sécuriser son industrialisation soit se positionne sur la supply chain en essayant de capter de la valeur autrefois produite sur le continent européen.
L’annonce majeure tourne autour de l’extension de ligne TGV Tanger – Marrakech. Entre la construction de la ligne, qui est déjà prévue, la fourniture de rames de TGV par Alstom, mais surtout la construction ou rénovation de lignes de TER régionales, la volonté du Royaume de se positionner sur le fer est un des piliers de la coopération franco-marocaine.
Les autres grandes annonces sont tournées autour de l’énergie verte, à la fois pour l’appui à la production d’hydrogène vert, mais aussi sur la mise en place de centrales solaires qui sont nécessaires au développement industriel, car les exigences des grands industriels internationaux en termes de décarbonation vont vite devenir incompatibles avec la réalité de l’énergie produite dans le Royaume. L’ensemble de ces grands contrats va booster de nombreuses entreprises françaises sous-traitantes dans ces secteurs. Le commerce franco-marocain était déjà en croissance de 5% l’année dernière, il devrait encore fortement augmenter dans les trois prochaines années. L’avenir de la présence française en Afrique, ou plutôt son repositionnement, pourrait bien passer par la coopération franco-marocaine. C’est d’ailleurs ce que pensent de nombreux grands groupes français qui ont positionné leurs quartiers généraux Afrique dans le Royaume. La normalisation de nos relations vient surtout effacer de nombreuses maladresses françaises desquelles Emmanuel Macron a été coutumier ces dernières années. C’est aussi une confirmation de la puissance politique de Mohamed VI et de sa capacité, contrairement aux dirigeants occidentaux, à gérer le temps long.
Une visite retour de Mohamed VI en France a été programmée pour 2025, pour laquelle la France mettra sans doute les petits plats dans les grands. Le respect du protocole et de la tradition a une réelle importance au Maroc, c’est une question de statut, de reconnaissance et de respect, et Mohamed VI se rêve en chantre d’un continent africain que tout le monde sait être le réservoir de la croissance de demain.