Hespress Français – Actualités du Maroc
Hicham Oukerzaz
Les fermetures massives de plus de 1.000 entreprises textiles au Portugal en 2024 a ébranlé l’industrie galicienne. À la recherche d’alternatives pour maintenir leurs activités, de nombreuses entreprises de cette région espagnole se tournent vers le Maroc, un partenaire stratégique en plein essor.
La crise sans précédent qui frappe le secteur textile portugais a contraint les entreprises galiciennes à réorienter leurs stratégies. Privées de fournisseurs essentiels, elles envisagent de délocaliser une partie de leur production au Maroc et en Turquie, selon des médias espagnols. « La délocalisation des entreprises galiciennes vers le Maroc ne représente pas seulement une réponse à la crise portugaise, mais reflète également une tendance plus large de délocalisation à la recherche de coûts de production plus compétitifs », écrit à ce propos larazon.es.
Le Maroc : un choix stratégique pour l’industrie galicienne
Le Maroc s’impose comme une alternative attractive pour les entreprises galiciennes grâce à sa proximité géographique, ses coûts de main-d’œuvre compétitifs et son industrie textile bien structurée. En 2024, le secteur textile marocain a généré un chiffre d’affaires d’environ 45 milliards de dirhams (4,5 milliards de dollars), marquant une croissance de 7 % par rapport à l’année précédente. Les exportations de textiles et vêtements, majoritairement destinées à l’Union européenne, ont atteint 32 milliards de dirhams (3,2 milliards de dollars), soit 65 % des exportations totales.
Avec plus de 1.600 entreprises, près de 190.000 employés et une production annuelle avoisinant les 950 000 tonnes (+5 % par rapport à 2023), l’industrie textile marocaine joue un rôle clé dans l’économie nationale, représentant environ 15 % du PIB industriel. En outre, l’adoption de technologies avancées (+12 % en 2024) et les investissements dans la recherche et le développement témoignent d’une volonté d’innovation et de compétitivité.
Des défis structurels et conjoncturels
En dépit de ces chiffres, l’industrie textile au Maroc continue à faire face à plusieurs défis structurels et conjoncturels. L’un des principaux obstacles réside dans l’évolution des réglementations européennes, notamment celles axées sur la durabilité et la circularité des produits textiles. Ces exigences, qui deviendront plus strictes d’ici 2030, imposent aux entreprises marocaines de s’adapter en intégrant des processus de recyclage et en produisant des articles conformes aux normes sociales et environnementales. Cette transition, bien qu’essentielle pour maintenir l’accès aux marchés européens, nécessite des investissements importants et une modernisation des équipements.
Un autre défi crucial est la compétition croissante sur le marché mondial, où les coûts de production jouent un rôle déterminant. Malgré sa proximité géographique avec l’Europe, le Maroc doit améliorer sa compétitivité face à des pays asiatiques comme le Bangladesh et le Vietnam, qui offrent des produits à des coûts inférieurs. Par ailleurs, le secteur souffre d’une forte informalité, estimée à 50 % des acteurs, ce qui nuit à la structuration de la chaîne de valeur et à l’innovation technologique nécessaire pour répondre aux nouvelles exigences du marché.
Une industrie tournée vers l’avenir
Malgré ces défis, le Maroc continue d’attirer les investisseurs grâce à des initiatives durables, telles que l’utilisation de fibres recyclées et de procédés de teinture écologiques. Ces efforts pour réduire l’empreinte carbone du secteur renforcent l’attractivité du pays auprès des entreprises européennes. Pour les entreprises galiciennes, le Maroc représente ainsi bien plus qu’un simple recours temporaire, mais une opportunité de renforcer leurs chaînes d’approvisionnement dans un cadre compétitif et dynamique.