La Chine enregistre un excédent commercial record, signe d’un déclin qui s’annonce
À 970 milliards d’euros, l’excédent commercial de la Chine est porté par un niveau d’exportations particulièrement soutenu, et par des importations en berne. Mais, entre des droits de douane américains à venir et une demande intérieure atone, ce chiffre apparemment rassurant cache des réalités plus abruptes.

C’est l’année de tous les records pour le commerce extérieur chinois, annonce le South China Morning Post (SCMP). Pékin a enregistré un excédent commercial de plus de 992 milliards de dollars en 2024 (970 milliards d’euros) – soit près de 19 % de plus que le précédent record, 838 milliards de dollars en 2022, rappelle pour sa part The New York Times, en commentant ces chiffres publiés ce lundi 13 janvier.
“La Chine consolide ainsi son statut de premier exportateur mondial de marchandises”, triomphe Wang Lingjun, de l’Administration générale des douanes chinoises, repris dans le SCMP. Ce sont en effet “des chiffres d’exportations robustes” qui expliquent cet excédent, avec une progression de 5,9 % en glissement annuel en 2024.
“L’augmentation des expéditions de commerce électronique transfrontalier, ainsi qu’une demande étrangère plus élevée de véhicules électriques, de batteries et de panneaux solaires, ont aidé le pays à atténuer le ralentissement de l’activité intérieure”, commente le quotidien hongkongais.
Des réalités plus prosaïques
Pour autant, ces chiffres cachent des réalités plus prosaïques : l’augmentation des exportations s’est accentuée en décembre dernier, pour s’élever à 10,7 %, soit bien plus que la valeur de 6,7 % enregistrée en novembre. Ce qui témoigne, selon l’économiste Gary Ng, de la banque d’investissement française Natixis, cité dans le SCMP, d’“un effet de concentration des exportations avant l’arrivée de Trump au pouvoir” – une sorte d’effet d’aubaine avant l’imposition, selon les promesses du président américain, de droits de douane à hauteur de 60 % sur tous les produits chinois à destination des États-Unis.
De l’autre côté de la balance, la Chine enregistre, pour la même période, une hausse relativement faible de ses importations, à + 1,1 % en glissement annuel. Une donnée qui, là encore, est en demi-teinte, poursuit Gary Ng :
“La reprise du moral des consommateurs et de l’immobilier reste lente, ce qui nuit à la demande de matières premières et alimente la substitution intérieure par des alternatives moins chères.”
“Des millions d’ouvriers du bâtiment ont perdu leur emploi, tandis que la classe moyenne chinoise a perdu une grande partie de ses économies, renchérit le New York Times. De nombreuses familles sont donc réticentes à dépenser de l’argent.”
Bref, la Chine se retrouve coincée, entre des hausses généralisées des droits de douane qui vont automatiquement grever ses exportations, et une demande intérieure encore largement atone, en tout cas parfaitement incapable d’absorber les surplus de production considérables de ses industries. De sorte que 2024, cette “année de tous les records” pour le commerce extérieur chinois, risque fort de le rester encore longtemps.