En Inde, un service d’urgence contre le stress thermique
Courrier International
Face à la canicule, un hôpital de New Delhi a ouvert une unité spéciale pour prendre en charge les patients en état d’hyperthermie. Lorsque leur température corporelle atteint 42 °C, une course contre la montre s’engage pour les sauver.

“En treize années de carrière ici, je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà signé un certificat de décès pour coup de chaleur. Cette année, j’en ai signé plusieurs.” C’est le constat amer d’Ajay Chauhan, médecin dans l’un des plus grands hôpitaux de New Delhi. Interviewé par la BBC, le docteur Ajay Chauhan pilote “le premier service d’urgence” contre l’hyperthermie du pays.
Car, depuis mai, l’Inde subi des vagues de chaleur extrêmes, avec des pics à 50 °C. Au mois de juin, en l’espace de trois jours, au moins une centaine de personnes sont mortes dans le nord du pays.
Le docteur Ajay Chauhan “n’a jamais vu autant de patients”, assure le média britannique. À l’hôpital Ram Manohar Lohia, son service, ouvert en mai, a mis en place un protocole spécial pour sauver un maximum de vies.
“Chaque seconde compte”
Comme celle de Raju, 35 ans, arrivé aux urgences en détresse thermique mardi 18 juin, relate The Indian Express. Sa température corporelle avoisinait les 42 °C. “À cette température, le corps humain commence à cesser de fonctionner, les cellules se détériorent et il y a un risque de défaillance de certains organes”, explique la BBC. Les patients vomissent, sont pris de diarrhée, de malaise, voire de crise d’épilepsie. Tout retard de prise en charge peut “soit s’avérer fatal, soit provoquer des hémorragies ou endommager les reins et le foie du patient”.
S’engage alors une course contre la montre pour refroidir le corps le plus vite possible. “Chaque seconde compte”, martèle Ajay Chauhan. Les patients comme Raju sont plongés dans des baignoires en céramique remplies de glace pilée, entre 0 °C et 5 °C.
“Quand on immerge ces patients dans une baignoire glacée, on doit leur maintenir la tête hors de l’eau, car la plupart sont déjà inconscients”, témoigne la docteure Seema Balkrishna Wasnik sur le site de The Indian Express.
Au bout de vingt à trente minutes de ce traitement de choc, la température du corps commence à baisser, et les patients sont placés sous assistance respiratoire.
Absente du discours politique
Depuis la fin du mois de mai, “73 patients ont été admis” pour hyperthermie à l’hôpital Ram Manohar Lohia, “dont 26 ces dernières vingt-quatre heures”, comptabilisait vendredi 21 juin le Times of India.
Entre le 1er mars et le 18 juin, les vagues de chaleur en Inde auraient provoqué plus de 40 000 cas de coups de chaleur, et au moins 110 morts, selon le ministère de la Santé, rapporte encore le Times of India. Mais les chiffres officiels sont souvent largement sous-estimés, note la BBC.
Lorsqu’il évoque l’avenir, le docteur Chauhan se montre pessimiste auprès du média britannique : “Cela va empirer. Nous devons être très prudents”, prévient-il. D’autant que “les plans d’action contre la chaleur en Inde ne fonctionnent pas bien. […] L’urgence thermique ne figure pas dans le discours politique”, constate la BBC.