Donald Trump prépare un retrait des États-Unis de l’accord de Paris
Le Point
Pour la deuxième fois en moins de dix ans, les États-Unis pourraient se retirer d’un des enjeux mondiaux les plus cruciaux : contenir les impacts dévastateurs et coûteux du changement climatique.
Par Marie Guermeur
À l’approche de la COP29, qui débutera lundi 11 novembre à Bakou, l’ombre de Donald Trump plane déjà sur la conférence. Le futur président des États-Unis, qui avait retiré son pays de l’accord de Paris lors de son premier mandat, sera inévitablement au centre des discussions, bien qu’il ne soit pas présent. La 29e conférence des Nations unies sur le climat se tiendra en Azerbaïdjan, à peine six jours après l’élection présidentielle américaine.
L’équipe de transition de Trump prépare déjà des décrets visant à retirer à nouveau les États-Unis de l’accord de Paris, selon le New York Times. Ce retrait s’accompagnerait d’une série de mesures controversées, comme la réduction des zones protégées, la levée des moratoires sur de nouveaux projets de forage et miniers, et la fin de l’interdiction de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel. En outre, Trump pourrait annuler une dérogation qui permet à des États comme la Californie d’adopter des normes antipollution plus strictes. Certains membres de son équipe envisagent même de déplacer le siège de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) hors de Washington, alors que Donald Trump a promis de forer à tout va (« drill, baby, drill »).
Ces mesures rappellent celles de son premier mandat, où Trump avait qualifié le changement climatique de « canular » et retiré les Etats Unis de l’accord de Paris en 2017, une décision inversée par Joe Biden en 2021. L’impact d’un nouveau retrait serait majeur, tant pour les États-Unis que pour la scène internationale.
Fragilisation des efforts mondiaux
Le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, selon l’ancien ministre indien de l’Environnement, Jairam Ramesh, serait « catastrophique » pour la diplomatie climatique mondiale, comme le rapporte le New York Times. Non seulement cela isolerait les États-Unis dans les négociations internationales, mais cela affaiblirait également leur influence sur des enjeux cruciaux pour l’avenir de la planète.
Le retour à des priorités énergétiques basées sur le pétrole risquerait également de servir de modèle à d’autres pays producteurs de combustibles fossiles. Selon l’avocat nigérian Gbenga Oyebode, cela pourrait compromettre les efforts pour promouvoir les énergies renouvelables dans les marchés émergents. Des pays comme le Nigeria, déjà fortement dépendants du pétrole, pourraient être incités à continuer de privilégier des solutions énergétiques polluantes, retardant ainsi la transition vers des alternatives durables.
Un objectif climatique en péril
Une autre crainte est que ce retrait mette en péril l’objectif central de l’accord de Paris : limiter la hausse des températures mondiales à moins de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Un rapport de Carbon Brief estime qu’un second mandat de Trump pourrait entraîner des émissions supplémentaires de plusieurs milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030, par rapport à la trajectoire de réduction des émissions poursuivie sous l’administration Biden.
Si les États-Unis abandonnent leur objectif de réduire leurs émissions de 50 % par rapport à 2005 d’ici 2030, cela aurait un effet dévastateur sur les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique. En tant que plus grand émetteur historique de gaz à effet de serre et l’un des plus grands producteurs de pétrole et de gaz, le rôle des États-Unis reste central. Le retrait des États-Unis de l’accord de Paris aurait des répercussions bien au-delà de leurs frontières, comme l’illustre le précédent du protocole de Kyoto. En 2001, le refus des États-Unis de ratifier ce traité international avait déjà affaibli les tentatives mondiales de limiter le réchauffement climatique.