June 9, 2025

Cette taxe sur l’électricité qui pourrait faire disjoncter le gouvernement français.

Le Point

Cette mesure phare du prochain budget a recueilli la désapprobation du Sénat et de l’Assemblée nationale, qui ont tous deux voté pour sa suppression.

Par Thomas Graindorge

C’est un revers qui fait d’autant plus mal qu’il survient dans un hémicycle acquis au Premier ministre. Mardi 26 novembre, le Sénat, qui a voté le projet de loi de finances du gouvernement, a pourtant rejeté la mesure proposée par l’exécutif du relèvement de la fiscalité de l’électricité. Ce vote à main levée a recueilli les voix de la droite comme de la gauche.

Jean-François Husson (LR), rapporteur général pourtant issu du même parti que Michel Barnier, a appelé à la suppression de cette taxe, lui préférant une taxe sur le gaz. Selon lui, la facture des ménages chauffés au gaz augmenterait « d’environ 60 euros par an » pour une maison de 100 mètres carrés, alors que « pour une même maison chauffée à l’électricité », le manque à gagner atteindrait « 200 à 300 euros » avec la proposition du gouvernement. La hausse de la taxe sur le gaz amènerait un gain estimé à 1,2 milliard d’euros.

Le Sénat et l’Assemblée nationale se sont alignés sur ce rejet, puisque la Chambre basse avait elle aussi voté contre la mesure, dans une coalition des oppositions avec les droites. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, a expliqué privilégier une augmentation de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) couplée à une baisse de la facture de 9 % au 1er février pour 80 % des Français, plutôt qu’une « hausse de la taxe sur le gaz qui augmenterait de facto la facture de nos concitoyens ».

« Cette mesure est socialement injuste »

Cette déconvenue a de quoi créer du rififi dans la majorité gouvernementale, qui cherche à tout prix des pistes d’économies. Elle a d’ailleurs rendu un avis défavorable à ce rééquilibrage du Sénat. Rivaux éternels, les partis de gauche comme de droite sont donc devenus les alliés d’un jour. Et tous critiques de cette mesure. Le sénateur socialiste Thierry Cozic a dénoncé un gouvernement qui a « choisi la facilité pour trouver de nouvelles recettes : taxer à nouveau l’électricité. Cette mesure est socialement injuste », dans des propos rapportés par l’Agence France-Presse (AFP).

 De même que François Ruffin, interrogé ce mercredi 27 novembre sur BFMTV. Il a particulièrement vilipendé les « taxes sur l’électricité, les malades, les collectivités et les retraités » : « On est dans un pays où le travail est plus taxé que le capital », regrette-t-il. Marine Le Pen, lors de sa rencontre avec Michel Barnier lundi 25 novembre, a fixé la hausse des taxes sur l’électricité comme l’une de ses lignes rouges. Son maintien pousserait son parti, le RN, à voter une motion de censure envers le chef du gouvernement.

Plus surprenant, des élus LR, MoDem et macronistes avaient demandé au chef du gouvernement de renoncer à cette surtaxation, dans une tribune publiée dans L’Opinion dimanche 17 novembre. Michel Barnier, dont les jours à Matignon sont peut-être comptés, semble esseulé.