Selon Fitch Solutions, les nouvelles taxes douanières américaines pèseront indirectement sur la croissance marocaine en 2025, en freinant la demande mondiale, notamment en Europe, principal marché d’exportation du Royaume. Malgré un contexte extérieur moins porteur, l’économie nationale pourra compter sur la vigueur de sa demande intérieure, la reprise de l’agriculture et la poursuite de l’investissement pour soutenir sa croissance.
Moncef Ben Hayoun
Selon les dernières prévisions de BMI-Fitch Solutions, les droits de douane récemment imposés par les États-Unis pèseront indirectement sur l’économie marocaine en 2025. Le cabinet d’analyse souligne que ces mesures protectionnistes impacteront la croissance mondiale, entraînant un ralentissement de la demande d’exportations, en particulier depuis l’Europe, principal partenaire commercial du Maroc. Bien que les échanges directs entre le Maroc et les États-Unis soient limités – ceux-ci ne représentant que 3% des exportations marocaines en 2023 –, l’effet de contagion sur les marchés européens, qui absorbent 69,2% des exportations du Royaume, se fera fortement sentir.
Dans sa dernière note, Fitch Solutions prévoit une nette accélération de la croissance au Maroc en 2025 et 2026, tirée par une demande intérieure robuste, des investissements solides et une reprise progressive de l’agriculture. Malgré une révision à la baisse de sa prévision pour 2025 (4,8% au lieu de 5,0%), Fitch reste nettement plus optimiste que le HCP et Bank Al-Maghrib. La croissance pourrait atteindre 5,5% en 2026, portée par un redressement agricole plus franc, une amélioration du commerce extérieur et les retombées attendues des projets liés à la Coupe du Monde 2030.
«Le Maroc sera particulièrement exposé, dans la mesure où la majorité de ses exportations vers l’Europe (automobiles, câbles électriques) sont soit discrétionnaires, soit étroitement liées à des secteurs sensibles aux cycles économiques, comme celui de la construction», souligne l’étude. Fitch Solutions s’attend dès lors à une forte décélération de la croissance réelle des exportations marocaines, qui passerait de 6,1% en 2024 à seulement 2,9% en 2025, soit le plus bas niveau depuis 2020.