Le gazoduc Maroc-Nigéria dans le viseur de l’administration Trump

Dans un communiqué publié samedi, le ministre des Finances et ministre coordinateur de l’économie du Nigéria, Wale Edun, a fait savoir que les États-Unis manifestent un vif intérêt pour les opportunités d’investissement dans le projet de gazoduc africain-atlantique.
Ayoub Khattabi du Le 360
Contrairement au projet de gazoduc Nigéria-Niger-Algérie freiné par les crises au Sahel et les tensions croissantes entre Alger et Niamey, la gazoduc Nigéria-Maroc, désormais appelé «gazoduc africain-atlantique», a franchi des étapes importantes vers sa concrétisation. Alors que plusieurs bailleurs de fonds se disaient prêts à accompagner ce méga-projet, les États-Unis ont à leur tour exprimé leur intérêt à contribuer à sa réalisation. L’annonce a été faite par le ministre des Finances du Nigéria, Wale Edun, en marge de sa participation aux réunions de printemps 2025 du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, tenues du 21 au 26 avril à Washington.
Dans un communiqué relayé par des médias locaux, le responsable nigérian a fait état de la tenue d’une réunion de haut niveau avec des représentants du département d’État américain, en présence de Opayemi Cardoso, gouverneur de la banque centrale du Nigeria.
Parmi les axes abordés, figure «l’intérêt des États-Unis pour les investissements dans le secteur du gaz naturel du Nigéria, en particulier le gazoduc Nigéria-Maroc, eu égard aux vastes réserves de gaz du pays», a-t-il noté.
Lancé en décembre 2016, à l’initiative du roi Mohammed VI et de l’ancien président du Nigéria, Muhammadu Buhari, le gazoduc africain-atlantique est entré dans une phase décisive d’investissement. Le 5 mars dernier, lors d’un évènement organisé par le think tank américain Atlantic Council, la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, a affirmé que «la décision finale d’investissement progresse avec une mise en service progressive prévue pour les premiers tronçons dès 2029». Dans cette perspective, elle a insisté sur l’importance des partenariats stratégiques, évoquant les discussions avancées en cours avec de grands opérateurs internationaux, y compris américains, et des institutions financières, afin de garantir la viabilité économique et technique du projet.
Le 21 avril dernier, répondant à une question orale à la Chambre des représentants, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a précisé que les travaux sont en cours pour la première phase, qui comprend l’axe Sénégal-Mauritanie-Maroc. Elle a ajouté que le projet a enregistré des progrès significatifs, avec l’achèvement des études de faisabilité et d’ingénierie ainsi que la poursuite des études sur le terrain et l’étude d’impact environnemental et social.
Mercredi dernier, le département de la Transition énergétique a lancé un appel à manifestation d’intérêt concernant le réseau gazier national, dans le but d’atteindre la ville de Dakhla pour se raccorder au Gazoduc africain-atlantique.
Ce gazoduc, qui s’étend sur plus de 6.800 kilomètres avec une capacité de transport de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, nécessitera un investissement global estimé à 25 milliards de dollars.