June 10, 2025

L’Égypte suspend temporairement le contrôle des exportations alimentaires vers le Maroc en raison de blocages logistiques

Badr Tadlaoui

L’Autorité nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anssa) d’Égypte a émis, samedi 22 février, une directive suspendant temporairement les procédures de contrôle des exportations alimentaires destinées au Maroc. Cette décision découle de l’accumulation de nombreuses cargaisons de produits agricoles et agroalimentaires égyptiens dans les ports marocains, empêchant leur dédouanement dans des délais raisonnables.

Un gel immédiat des contrôles à l’export

Dans une circulaire interne adressée aux directeurs des antennes régionales et aux inspecteurs en charge des exportations aux postes frontières, le président de l’Anssa, Ashraf Mohamed Sami, a ordonné «la suspension immédiate de toutes les inspections et de tous contrôles sanitaires appliqués aux exportations alimentaires à destination du Maroc.» Cette décision concerne l’ensemble des produits soumis aux exigences du Règlement sanitaire international (RSI), notamment les denrées périssables et les produits agro-industriels.

Le gel des contrôles se propose d’éviter l’accumulation de nouveaux lots de marchandises dans la chaîne logistique alors que plusieurs cargaisons déjà expédiées vers le Maroc restent en attente de libération douanière. L’Anssa a précisé que cette suspension ne remet pas en cause les obligations sanitaires des exportateurs, qui devront s’assurer du respect des normes internationales avant toute reprise des expéditions.

Une situation de congestion préoccupante dans les ports marocains

Selon des sources proches du dossier, la décision de l’Anssa fait écho aux difficultés rencontrées par de nombreux exportateurs égyptiens en raison d’un engorgement des infrastructures portuaires marocaines. Ce blocage, aggravé par des contrôles renforcés des autorités sanitaires marocaines et une saturation des entrepôts frigorifiques, a entraîné des retards significatifs dans la distribution des produits agricoles, notamment les agrumes, les pommes de terre et les produits transformés.

Les opérateurs du secteur ont signalé une augmentation des délais de traitement des certificats phytosanitaires et des analyses de conformité, ce qui affecte directement la rentabilité des exportations et augmente le risque de détérioration des marchandises. Plusieurs fédérations agricoles et associations d’exportateurs ont exprimé leur préoccupation face à cette situation, appelant à une coordination plus efficace entre les autorités des deux pays pour éviter d’éventuelles pertes économiques.

Des conséquences sur les flux commerciaux égypto-marocains

Le Maroc représente l’un des principaux marchés de destination des produits agroalimentaires égyptiens en Afrique du Nord. En 2024, les exportations alimentaires égyptiennes vers le Maroc ont dépassé les 350 millions de dollars, selon les données du ministère égyptien du commerce et de l’industrie (MCI). Une interruption prolongée des contrôles sanitaires à l’export pourrait affecter la balance commerciale bilatérale et fragiliser la position des entreprises égyptiennes sur le marché marocain, où la concurrence avec d’autres fournisseurs internationaux, notamment d’Europe et d’Amérique latine, est déjà forte.

D’un point de vue réglementaire, cette suspension soulève des interrogations quant aux contrecoups sur les certifications sanitaires et les procédures de conformité. En l’absence de contrôles préalables effectués en Égypte, les entreprises pourraient être confrontées à un durcissement des inspections à l’arrivée ce qui pourrait allonger encore les délais de traitement aux frontières.

Vers une solution concertée

Les autorités égyptiennes assurent suivre de près l’évolution de la situation. Des discussions pourraient être engagées avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) marocain pour trouver des mécanismes facilitant le déblocage des cargaisons en attente et éviter que la suspension des contrôles en Égypte ne se transforme en un frein durable aux échanges.

Pour l’heure, aucune précision n’a été donnée quant à la durée de cette suspension ni sur les mesures d’accompagnement envisagées. Toutefois, plusieurs sources industrielles estiment que cette crise logistique «pourrait accélérer la mise en place d’un cadre de coopération plus structuré entre les autorités sanitaires des deux pays afin d’améliorer le transit des produits alimentaires et réduire les risques de congestion portuaire à l’avenir.»