Hespress Français – Actualités du Maroc
Hicham Oukerzaz
L’industrie des engrais au Maroc, soutenue par des réserves exceptionnelles de phosphates et des investissements stratégiques, continue d’afficher des perspectives positives. Une nouvelle étude de Fitch Solutions met en lumière les opportunités et les défis qui façonnent ce secteur clé pour l’économie marocaine et le marché mondial.
Le Maroc détient une place centrale dans l’industrie mondiale des engrais grâce à ses vastes réserves de phosphates. En 2023, le Royaume représentait 67,6 % des réserves mondiales, bien que sa production globale soit de 15,9 %. Portée par le Groupe OCP, leader mondial des engrais phosphatés, la production nationale a atteint 37 millions de tonnes entre 2019 et 2023, marquant une croissance de 22,8 % par rapport à la moyenne annuelle précédente.
Fitch Solutions anticipe une poursuite de cette dynamique, soutenue par des investissements massifs. En parallèle, bien que les prix des engrais aient chuté depuis leur pic de 2022, ils restent supérieurs aux niveaux observés entre 2015 et 2019, offrant ainsi un contexte favorable aux exportations marocaines.
Leadership en Afrique et diversification des marchés
Le Maroc s’impose comme un acteur majeur sur le continent africain, où il est désormais le principal exportateur d’engrais, représentant 15 % des importations du continent en 2023. Cette progression illustre les efforts du Royaume pour diversifier ses partenaires, tout en renforçant ses liens avec les pays africains.
L’étude de Fitch souligne notamment le rôle stratégique du partenariat établi en 2024 entre le Groupe OCP et l’USAID, visant à améliorer l’accès aux engrais en Afrique subsaharienne. OCP Africa, filiale créée en 2016, incarne cette ambition à travers des projets comme la construction d’usines au Nigeria et au Ghana.
Au niveau mondial, le Maroc a également élargi son portefeuille de clients, avec des importateurs majeurs comme le Brésil, l’Inde et le Bangladesh. Cette diversification commerciale, associée à l’avantage géographique du Royaume, renforce sa capacité à répondre aux besoins des marchés asiatiques, africains et européens.
Des défis à surmonter
Malgré des perspectives globalement positives, Fitch Solutions identifie plusieurs défis pour le secteur des engrais au Maroc. La question de la gestion des ressources hydriques est particulièrement critique. Avec un stress hydrique estimé à 50,8 %, le Maroc dépasse largement les moyennes mondiale et européenne.
Pour y remédier, le gouvernement marocain investit dans des projets de dessalement, notamment grâce à des technologies acquises auprès des États-Unis et au soutien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Cependant, le prix du gaz naturel, composante clé de la production d’engrais, reste un facteur de risque pouvant influencer la compétitivité du secteur.
L’étude conclut que, malgré ces obstacles, l’industrie marocaine des engrais bénéficie d’atouts solides, renforcés par des initiatives locales et des collaborations internationales. Le rôle du Groupe OCP et l’engagement du gouvernement marocain devraient continuer à consolider la position du pays en tant que leader mondial dans ce secteur stratégique.