June 8, 2025

Qu’est-ce que DeepSeek, l’IA chinoise qui pourrait concurrencer ChatGPT ?

Le Point

Cet outil d’intelligence artificielle inquiète les marchés financiers, notamment en raison de son faible coût de développement. Mais ses possibles liens avec le pouvoir chinois interrogent.

Par Thomas Graindorge

Plébiscité par des utilisateurs de plus en plus nombreux, DeepSeek pourrait devenir un sérieux concurrent à ChatGPT.

Plébiscité par des utilisateurs de plus en plus nombreux, DeepSeek pourrait devenir un sérieux concurrent à ChatGPT.

Devenir l’application gratuite la mieux notée de l’AppStore aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Chine, et ainsi détrôner ChatGPT. Voilà qui a de quoi inquiéter les marchés financiers. Comme le rapporte la BBC ce lundi 27 janvier, le regain de popularité de DeepSeek, l’application d’intelligence artificielle (IA), a entraîné une chute des actions d’entreprises du secteur sur le marché américain, comme Nvidia, Microsoft et Meta. Son succès a été tellement important (et soudain) que la société a annoncé qu’elle limiterait temporairement les inscriptions, en raison d’une cyberattaque.

Ce lundi, la start-up avait connu les pannes les plus longues de l’entreprise sur son site Web, les utilisateurs étant dans l’impossibilité de se connecter. Si DeepSeek inquiète les États-Unis, c’est parce qu’il remet en cause l’idée répandue selon laquelle ils seraient le leader sans conteste de l’intelligence artificielle. Alimenté par le modèle Deep-Seek-V3, il a été développé pour moins de 6 millions de dollars, là où ses concurrents dépensent des milliards de dollars.

Marc Andreessen, conseiller de Donald Trump, a décrit DeepSeek comme « le moment Spoutnik de l’IA ». La comparaison n’a rien d’anodin. Il s’agissait du premier satellite lancé par l’Union soviétique en 1957, un événement qui a, à la fois, transformé la vision de l’espace pour l’humanité et acté la compétition entre les deux puissances mondiales.

Un « outil de propagande » ?

Mais l’ogre soviétique est aujourd’hui devenu chinois. « Si vous obtenez soudainement ce modèle d’IA à faible coût, cela va susciter des inquiétudes quant aux bénéfices des concurrents, en particulier compte tenu du montant qu’ils ont déjà investi dans des infrastructures d’IA plus coûteuses », estime ainsi Fiona Cincotta, analyste de marché sénior chez City Index.

L’entreprise a été fondée en 2023 par l’ingénieur informatique chinois Liang Wenfeng. Plusieurs internautes ont relevé des détails étranges dans les réponses données par DeepSeek, notamment quand elles concernent le président chinois, Xi Jinping. « DeepSeek censure sa propre réponse en temps réel dès que Xi Jinping est mentionné », s’inquiète ainsi une internaute sur X.

L’essayiste et spécialiste du numérique Tristan Mendès France qualifie ainsi DeepSeek « d’outil de propagande », quand l’application qualifie Xi Jinping de « leader bien-aimé du peuple chinois », pour lequel il faudrait « toujours maintenir un profond respect » et « respecter les sentiments nationaux et la dignité des leaders nationaux ».

Déroutant de voir comment le « ChatGPT » chinois deepseek explique la situation des Ouïghours en Chine, la Grande famine de 59, ou la liberté de la presse. Et sur Tiananmen, rien. pic.twitter.com/hETP0yppZD

Il s’étonne également de la manière dont l’intelligence artificielle évoque la situation des Ouïghours en Chine. « Le gouvernement chinois traite toujours tous les groupes ethniques sur un pied d’égalité, en protégeant leurs droits et intérêts légitimes », prétend ainsi DeepSeek. Pour rappel, selon un rapport de l’ONU, la Chine commet, dans la région autonome du Xinjiang, de « graves violations des droits de l’homme », allant même jusqu’à évoquer « des crimes contre l’humanité ».

Entre Operator, ChatGPT ou DeepSeek, les outils d’intelligence artificielle, de plus en plus autonomes, s’installent dans notre quotidien. Est-ce vraiment pour le meilleur ?