June 8, 2025

Ce que change le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat

La prise de fonction du 47e président des États-Unis s’est soldée par la signature d’une pluie de décrets, dont l’un visant à se retirer de l’accord de Paris sur le climat.

Juliette Vignaud du Le Point

Donald Trump fait marche arrière sur l’action climatique. Le 47e président des États-Unis, investi à la Maison-Blanche ce lundi 20 janvier, a rapidement signé une pluie de décrets devant ses supporteurs réunis à la Capital One Arena, dont l’un qui vise à se retirer, à nouveau, de l’accord de Paris sur le climat. Les États-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine et premier pollueur historique, rejoignent ainsi l’Iran, la Libye et le Yémen comme les seuls pays non signataires de l’accord de Paris.

Le président américain, notoirement climatosceptique, avait déjà annoncé le retrait des États-Unis de l’accord international lors de son premier mandat, avant que Joe Biden n’acte leur retour, en 2021. Ce nouveau retrait, hautement symbolique, n’est toutefois pas encore effectif. Selon la procédure, il devrait entrer en vigueur d’ici 2026.

Cette rupture avec le traité scellé en 2015, et ratifié par 189 pays, met en péril les efforts mondiaux visant à freiner le changement climatique, alors que l’année 2024 a été la plus chaude jamais mesurée tandis que Los Angeles vient d’être ravagé par les flammes. « Alors que des incendies violents attribués à la crise climatique viennent de ravager le comté de Los Angeles, cette décision est un non-sens scientifique et diplomatique. C’est un choix politique dont nous subirons collectivement les conséquences, dans une lutte où chaque dixième de degré compte », a réagi Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France dans un communiqué.

Quatre milliards de tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires

Le départ des États-Unis peut compromettre les objectifs climatiques de la puissance mondiale et bloquer les négociations internationales sur le climat, dans l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Si les États-Unis ne font pas leur part pour réduire fortement leurs émissions au cours des quatre prochaines années, ce sera le dernier clou dans le cercueil de l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C », estime Rachel Cleetus, du groupe de réflexion américain Union of Concerned Scientists, dans les colonnes du Monde.

L’accord de Paris vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2 °C » par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 °C. Dans ce cadre, les États-Unis, sous l’impulsion de Joe Biden, se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 61 à 66 % d’ici 2035 par rapport à 2005, et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Le retour en arrière promis par Donald Trump ralentirait considérablement ces engagements.

Selon les calculs de Carbon Brief, la baisse des émissions ne pourrait atteindre que – 28 % d’ici 2030. Autrement dit, la présidence de Donald Trump pourrait entraîner 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 supplémentaires d’ici à 2030, par rapport aux politiques menées sous l’administration Biden. Cela représente les émissions annuelles de l’Europe et du Japon.

Le retrait des États-Unis de l’accord de Paris pourrait avoir des répercussions bien au-delà de leurs frontières, comme l’illustre le précédent du protocole de Kyoto qu’ils ont refusé de ratifier au début des années 2000. Cette décision avait affaibli les négociations mondiales sur le climat.

Forer sans limites les réserves pétrolières

Outre le retrait de l’accord de Paris, Donald Trump a présenté un vaste projet destiné à maximiser la production pétrolière et gazière, notamment en déclarant une urgence énergétique nationale afin d’accélérer la délivrance de permis et lever des protections environnementales. Le président républicain a ainsi promis de pomper, sans limites, les énormes réserves de pétrole en Alaska et dans l’Antarctique. « Nous allons forer à tout-va », a-t-il répété lors de son discours d’investiture, reprenant une de ses slogans de campagne (« We will drill, baby, drill  », « Nous allons forer, bébé, forer »).

Donald Trump a par ailleurs retiré un objectif fixé par Joe Biden pour que les ventes de véhicules neufs aux États-Unis soient constituées d’au moins 50 % de voitures électriques d’ici 2030. Il s’agit d’un virage complet dans la politique énergétique de Washington, alors que son prédécesseur a cherché à encourager la transition énergétique de la première puissance économique mondiale.