Les exportations agricoles marocaines vers l’Espagne et l’UE en proie à la désinformation
Hespress Français – Actualités du Maroc

Hicham Oukerzaz
Des campagnes de désinformation coordonnées ciblent les produits agricoles marocains, notamment en Espagne et en Europe, dans le but de manipuler l’opinion publique, rapporte le portail espagnol fact checking “Maldita”. Ces actions ont gagné en intensité avec des messages postés sur les réseaux sociaux, notamment Telegram, exacerbant la hargne à l’encontre des importations de fruits et légumes en provenance du Maroc.
Selon une enquête récente du site espagnol de fact checking “Maldita”, une campagne de désinformation coordonnée a été lancée contre le Maroc, cherchant à manipuler l’opinion publique en Espagne et en Europe. L’objectif : accuser injustement le Royaume de nuire au secteur agricole espagnol et de profiter de pratiques commerciales déloyales.
Une stratégie visant à semer la méfiance
L’enquête de “Maldita” révèle une stratégie sophistiquée exploitant des préoccupations réelles du secteur agricole espagnol, notamment les réglementations environnementales et la concurrence énergétique. Ces problématiques, bien que légitimes, ont été amplifiées et détournées pour alimenter un récit accusant le Maroc de sabotage intentionnel.
Parmi les accusations propagées, certaines prétendaient que les politiques environnementales européennes étaient conçues pour affaiblir l’agriculture espagnole au profit du Maroc. D’autres allégations mettaient en cause les pratiques commerciales marocaines, considérées comme déloyales en raison de coûts de production réduits et de normes sanitaires prétendument plus souples. Toutefois, l’analyse de Maldita dément catégoriquement ces affirmations, soulignant que tous les produits importés, y compris ceux en provenance du Maroc, doivent répondre aux mêmes exigences sanitaires strictes que ceux cultivés au sein de l’Union européenne.
Une campagne qui s’est intensifiée avant les élections européennes
L’intensité de cette campagne a fortement augmenté à l’approche des élections européennes, avec des messages visant à influencer le comportement des électeurs. Certains de ces contenus semblent avoir été soutenus par des groupes de lobbying agricoles cherchant à obtenir davantage de subventions ou de soutien financier pour leurs propres intérêts.
Des exemples précis de désinformation ont été recensés, comme l’affirmation erronée selon laquelle le gouvernement espagnol aurait alloué d’importants financements au Maroc pour le développement de l’agriculture biologique. Bien que des aides existent, elles proviennent en réalité de l’Union européenne, et non de fonds espagnols.
Un autre exemple concerne les alertes sanitaires liées aux fraises marocaines, qui auraient été contaminées par l’hépatite A. Ces informations, bien que fondées sur des notifications réelles, ont été exagérées pour semer la peur et la méfiance envers les produits marocains. Cependant, la majorité de ces alertes ont été rapidement levées, sans impact significatif pour les consommateurs.
Une portée inquiétante et des théories absurdes
Les messages issus de cette campagne ont atteint une large audience, certains posts ayant été vus des millions de fois. La désinformation a même alimenté des théories complotistes, telles que des allégations absurdes affirmant que le Maroc manipulerait les conditions météorologiques pour nuire à l’agriculture espagnole. Ces récits, bien qu’infondés scientifiquement, ont contribué à ternir l’image du Maroc auprès du public européen.