June 8, 2025

Des voitures électriques branchées et abordables

Le Point

Le marché des voitures à batterie moins onéreuses prend enfin son envol. Condition sine qua non pour faire décoller les ventes.

Par Nicolas Valeano

La Renault Twingo E-Tech, la future entrée de gamme électrique de la marque au losange.

La Renault Twingo E-Tech, la future entrée de gamme électrique de la marque au losange.© Yann Lefebvre

Bloqué par un plafond de verre autour de 20 %, le marché de la voiture électrique a besoin de modèles abordables pour pouvoir vraiment démarrer. Avec des tarifs nettement plus élevés que les modèles thermiques, les voitures à batterie doivent renforcer leur offre en entrée de gamme pour pouvoir devenir accessibles à un public qui n’a pas un budget de 30 000 ou 40 000 euros à dépenser.

De leur côté, les constructeurs en ont également besoin : en effet, dès l’an prochain, les normes Cafe (Corporate Average Fuel Economy) vont leur imposer des niveaux d’émissions moyennes drastiques. Il leur faudra alors au moins vendre au bas mot une voiture électrique pour cinq thermiques. Or, à ce jour, les modèles à moins de 25 000 euros se comptent sur les doigts d’une main.

L’enjeu du bonus écologique

La plus représentée dans nos rues reste la Dacia Spring, proposée à partir de 18 900 euros, avec des prestations routières modestes, notamment à cause d’un comportement pâtissant de pneus trop basiques et d’une autonomie limitée à 225 km. Fabriquée en Chine, elle ne peut adoucir son prix, car elle ne bénéficie pas du bonus écologique de 4 000 euros (probablement abaissé à 3 000 euros en 2025).

Produite en Slovaquie, la Citroën ë-C3, à partir de 23 300 euros, reçoit quant à elle cette aide d’État qui allège grandement la facture (pour 19 000 euros en entrée de gamme). Un excellent choix dès le premier modèle, grâce à un équipement assez complet et des prestations plus polyvalentes. Dans un gabarit de 4,01 m, la Citroën propose un bel espace intérieur et un niveau de confort très correct. Ses prestations permettent un usage routier avec son moteur de 113 ch, son excellent confort de suspension, son coffre de 310 l et son autonomie homologuée à 326 km.

Une version plus basique arrivera en 2025, reprenant le même moteur, mais avec une plus petite batterie – 200 km d’autonomie –, pour un tarif abaissé à 19 990 euros hors bonus. Notons aussi le SUV Citroën ë-C3 Aircross (à partir de 27 400 euros), à la vocation plus familiale, comme son cousin l’Opel Frontera.

La Leapmotor T03 (19 500 euros, ou 18 900 euros en promo), désormais vendue dans le réseau Stellantis, est un cas à part. Cette petite voiture chinoise compte sur une astuce pour espérer bénéficier du bonus et éviter les surtaxes à l’importation : elle est assemblée en Europe (en Pologne) sur la base de pièces importées de son pays d’origine. Cependant, l’administration n’a pas encore validé la conformité de cette configuration. Très compacte (3,62 m), très bien équipée, avec son toit panoramique, sa climatisation automatique et son écran de 10 pouces, la T03 offre des prestations très correctes. Leapmotor lancera aussi en 2025 un crossover moyen présenté au Mondial de l’Auto, le B10, au tarif attendu aussi comme très agressif.

Un look amusant

Autre marque chinoise déjà présente dans l’Hexagone, BYD s’apprête à lancer une version européanisée de sa petite Seagull, qui pourrait, à terme, être produite dans l’usine que la marque construit en Hongrie, évitant ainsi les surtaxes et bénéficiant du bonus. Avec moins de 4 m de longueur, la citadine joue sur un look amusant, un habitacle ludique doté d’une tablette centrale rotative permettant un affichage en mode portrait ou paysage et une motorisation de 75 ch avec une batterie de 30 à 40 kWh (à confirmer lors de sa venue ici).

Le renouveau de la mythique Fiat Panda (3,99 m) passera naturellement par l’électrique. Proposée en entrée de gamme en dessous de la barre des 25 000 euros (les commandes sont d’ores et déjà ouvertes), la très populaire italienne intègre une batterie de 44 kWh, qui lui offre une autonomie de 320 km. Son moteur de 113 ch (elle partage sa plateforme technique avec la Citroën ë-C3) lui permet d’atteindre des performances correctes. En outre, elle est la seule à offrir un câble de recharge intégré enroulable, et son intérieur 5 places très ludique est truffé de gimmicks et de nouvelles matières, dont un tissu à base de bambou.

Cette prometteuse italienne trouvera sur sa route la nouvelle génération de la Renault Twingo, dont le concept car était présent au Mondial de l’Auto aux côtés des R4 et des R5, donnant à voir environ 80 % de la silhouette de la version de série. Celle-ci sera lancée en 2026 pour un tarif annoncé inférieur à 20 000 euros. Reprenant la silhouette monocorps rondouillarde et sympathique de la Twingo de première génération (mais ici en 5 portes et 3,75 m de longueur), elle adopte de grandes roues de 18 » pour gagner en assurance.

Rien n’a filtré à ce stade sur son intérieur ou ses prestations techniques, mais on sait que, malgré des pourparlers au début du projet, elle ne se fera pas dans le cadre d’une collaboration avec Volkswagen. En revanche, Nissan pourrait bénéficier de cette plateforme pour sa future citadine électrique.

VW à l’offensive

Chez le constructeur allemand, l’extension de la gamme électrique vers le bas commencera par la petite Volkswagen ID.2, dont le concept ID.2 all présenté l’an dernier laisse voir une allure très classique, dans un gabarit de Polo (4,05 m). Annoncée à moins de 25 000 euros dès l’année prochaine en prix d’accès, la VW promet (pour sa version haut de gamme) 450 km d’autonomie et une recharge de 10 à 80 % en 20 minutes. L’habitacle de cette auto basée sur la nouvelle petite plateforme électrique MEB Entry sera semblable au volume proposé dans une Golf, avec un coffre de 490 l. Son moteur électrique de 226 ch promet de belles performances, qui seront encore plus exacerbées dans sa version GTI, qui, comme la Cupra Raval basée sur la même plateforme, devra rivaliser avec l’Alpine A290.

Une version SUV de l’ID.2 devrait suivre, tandis que son pendant chez Skoda prendra la forme de l’Epiq, petit SUV de 4,10 m annoncé lui aussi à un tarif en dessous de la barre fatidique des 25 000 euros. Volkswagen travaille également à un plus petit modèle pour succéder à la e-up !, une citadine d’entrée de gamme promise à moins de 20 000 euros.

Un nouveau prétendant devrait en outre bientôt débarquer de Corée : il s’agit du mignon petit Hyundai Inster aux airs de baroudeur urbain ludique, proposé à partir de 25 000 euros. Offrant 370 km d’autonomie avec sa batterie de 49 kWh (une batterie de 42 kWh est aussi au programme en entrée de gamme avec 327 km d’autonomie), il peut être rechargé de 10 à 80 % en 30 minutes. Son coffre modulable grâce à sa banquette arrière coulissante offre un volume de 238 à 351 l, tandis ses sièges avant sont repliables pour emmener des objets longs ou transformer l’habitacle en espace de camping avec un matelas.

Enfin, Ford prépare l’arrivée dès le deuxième trimestre 2025 du dérivé 100 % électrique de son SUV Puma, nommé Gen-E. Ses lignes restent proches du modèle actuel et il bénéficie d’un espace XXL sous son coffre, la batterie étant positionnée astucieusement sous la banquette arrière. Quant à Tesla, l’américain semble avoir pour le moment abandonné son rêve de Model 2 à 25 000 dollars, pourtant annoncé de longue date comme un « game changer » du marché électrique. Heureusement, désormais, on peut compter sur l’arrivée de nombreux modèles dans cette gamme de prix plus accessibles.