Le PIB marocain croîtrait de 3,5% en 2025 et l’impact de la guerre commerciale est limité, selon Allianz Trade
Economie
Lluis Dalmau Taules, économiste pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Allianz Trade, animant une conférence de presse le 26 mai 2025 à Casablanca.
L’économie du Royaume devrait connaître une croissance remarquable en 2025 et en 2026 mais reste exposée à l’influence des Etats-Unis sur le marché marocain.
Lahcen Oudoud du Le 360
Lluis Dalmau Taules, économiste spécialisé dans l’Afrique et le Moyen-Orient pour Allianz Trade, projette une croissance de l’économie marocaine à 3,5% en 2025 et 3,6% en 2026. Bien que l’impact direct d’une guerre commerciale soit jugé marginal pour le Maroc, il est pertinent, selon lui, de noter le potentiel d’une influence plus substantielle par l’exposition indirecte du marché national aux dynamiques américaines, médiatisée par le prisme de l’économie européenne.
Ainsi, l‘économie marocaine devrait continuer à figurer parmi celles à la croissance la plus rapide de la région, grâce notamment aux avancées dans le secteur manufacturier et les services et à la reprise du secteur agricole après plusieurs années de sécheresse.
Approfondissant son analyse, Lluis Dalmau Taules a souligné que la situation actuelle présente à la fois des opportunités et des risques économiques pour le Maroc. Il a notamment mentionné que le Maroc pourrait tirer parti des efforts de relocalisation des entreprises européennes, qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine et des États-Unis. Cette tendance pourrait positionner le Maroc comme un «hub clé de relocalisation» offrant un accès au marché européen à des coûts plus compétitifs.
Selon cette analyse, le secteur automobile pourrait bénéficier davantage de cette donne grâce à l’implication des entreprises chinoises. De plus, selon cet économiste, le port de Casablanca a bénéficié de manière significative de la fermeture du canal de Suez. «Les ports marocains pourraient devenir des hubs commerciaux mondiaux connectant l’Europe, l’Afrique, l’Asie et les Amériques si des investissements sont réalisés», estime-t-il.
Concernant les risques économiques pour le Maroc, il note que les insolvabilités ne se sont pas encore remises du triple choc de 2023: baisse des investissements gouvernementaux, coûts de financement plus élevés en raison des hausses de taux de politique monétaire, et baisse substantielle des investissements directs étrangers (IDE).
Il ajoute que «le climat reste le principal risque économique en raison de l’importance du secteur agricole pour les exportations et l’emploi».
60% des entreprises redoutent un impact négatif de la guerre commerciale
Au niveau mondial, l’expert a présenté les résultats d’une récente enquête effectuée par Allianz Trade, menée auprès de 4.500 exportateurs dans neuf pays représentant 60% du PIB mondial sur ce nouveau contexte. Il en ressort que 60% des entreprises redoutent un impact négatif de la guerre commerciale et 45% s’attendent à une baisse de leur chiffre d’affaires à l’export.
Pour faire face à ces tensions, relève-t-il, les entreprises adoptent des stratégies de «Friendshoring» (terme qui signifie délocaliser chez les alliés), diversifiant leurs partenaires commerciaux et reconfigurant leurs chaînes logistiques.
Elles explorent également, poursuit-il, des itinéraires maritimes alternatifs pour maîtriser les coûts douaniers. Le découplage entre les États-Unis et la Chine se poursuit, stimulant l’intérêt pour l’Europe et l’Amérique latine comme alternatives commerciales viables, conclut-il.