June 8, 2025

Transition énergétique : Brahim Benjelloun Touimi trace la voie d’une Afrique industrielle et durable

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À l’occasion de la 10ᵉ édition des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique (RAEE), Brahim Benjelloun Touimi, directeur général délégué de Bank of Africa, a dressé un constat clair : si l’Afrique est riche de sa jeunesse et d’une classe moyenne en pleine ascension, elle ne pourra relever les défis du changement climatique, de l’exode rural et de l’emploi qu’à travers une industrialisation durable. Une industrialisation enracinée localement, fondée sur les énergies propres, les technologies innovantes et une intelligence collective impliquant tous les acteurs du développement.

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Rochdi Mokhliss

La transition énergétique en Afrique ne pourra se faire sans justice ni progressivité. Tel est, en substance, le message porté par Brahim Benjelloun Touimi lors de son intervention aux RAEE 2025, tenues ce mardi à Casablanca. Placée sous l’égide du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, cette 10ᵉ édition, organisée par AOB Group, a mis en lumière la dynamique du « Made in Africa » comme moteur de la croissance verte et bas carbone du continent.

Dans un contexte où l’Afrique reste marginalement responsable des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), le dirigeant de Bank of Africa a insisté sur la nécessité d’une industrialisation durable, en rupture avec les modèles polluants du passé. Il a rappelé que la prise en compte des émissions liées à la déforestation, aux déchets et aux transformations des terres doit compléter l’analyse fondée uniquement sur la combustion des énergies fossiles.

Brahim Benjelloun Touimi, président de la Bourse de Casablanca, a marqué les Morocco Capital Markets Days en appelant les investisseurs à miser sur un Maroc en pleine transformation. Une édition record, qui confirme l’attractivité croissante du marché marocain et son ouverture vers les capitaux étrangers.

L’Afrique face à l’urgence d’une industrialisation durable

Forte d’une jeunesse dynamique et d’une classe moyenne en pleine expansion, l’Afrique se trouve aujourd’hui à un carrefour stratégique. Mais si le continent regorge de promesses, il est également confronté à des défis majeurs, notamment les effets du changement climatique, les déplacements de population et l’exode rural. “L’Afrique, forte de sa jeunesse et de ses promesses, a aujourd’hui besoin d’une industrialisation qui transforme ses ressources sur place….qui crée des richesses et des emplois, et qui repose sur les énergies propres. », insiste Brahim Benjelloun Touimi.

Dans ce contexte, la nécessité d’une industrialisation durable s’impose avec acuité. Une industrialisation capable non seulement de créer des richesses et de générer des emplois, mais aussi de transformer localement les ressources du continent. Elle devra s’appuyer sur des énergies propres et tirer parti des technologies innovantes pour optimiser l’usage des ressources et des infrastructures existantes. Cette transformation ne peut réussir sans une approche d’intelligence collective, mobilisant à la fois les pouvoirs publics, la société civile, les chercheurs, les acteurs du développement et les territoires. C’est à ce prix que l’Afrique pourra relever les défis de demain.

Le rôle du secteur bancaire africain dans cette transition est également central. Benjelloun Touimi a évoqué les engagements de définancement carbone de Bank of Africa, en instance d’approbation par le conseil d’administration, avec pour cap la neutralité carbone à l’horizon 2050. À court terme, la banque vise une réduction significative de l’intensité carbone de ses émissions financées d’ici 2030.

Cette trajectoire bas carbone ne pourra être atteinte, selon lui, qu’en développant des mécanismes de financement innovants, à l’image de la blended finance, combinant ressources publiques et privées. Il a souligné l’importance des services extra-financiers et des partenariats public-privé (PPP) d’expertise, à travers notamment des plateformes comme la chaîne africaine de durabilité de financement, conçue pour soutenir des projets structurants.

Enfin, le patron de BOA a élargi son propos à l’agriculture durable, considérée comme levier de séquestration carbone, de résilience rurale et de sécurité alimentaire. Selon lui, l’Afrique doit tirer parti de son potentiel renouvelable et attirer les capitaux nécessaires à son exploitation, à condition de rendre ces projets économiquement viables.